Corps et sport: 5 stratégies pour favoriser une image corporelle positive chez les athlètes

«Quoi dire à une athlète qui compare son corps avec celui des autres?»
«Comment réagir quand une athlète souhaite modifier son apparence pour améliorer ses performances?»
Si vous vous posez fréquemment ces questions en tant qu’intervenant·e ou entraîneur·e, vous n’êtes pas seul·e! Le corps en mouvement peut rapidement devenir le centre d’attention, tout en étant exposé, jugé et soumis aux différentes pressions et exigences propres à chaque sport, ce qui peut nuire à la relation que les athlètes entretiennent avec leur corps, l’alimentation et l’activité physique.
En contrepartie, lorsque pratiqué dans un environnement sain et inclusif, le sport peut agir comme facteur de protection favorable au développement d’une image corporelle positive. Voici 5 pistes d’action pour que les athlètes se sentent bien dans leur tête et dans leur peau afin qu’elles profitent pleinement d’une expérience sportive positive.
Note: Le terme «athlète» désigne ici toute personne qui pratique un sport dans un cadre compétitif, que ce soit au niveau débutant ou élite.
«Une athlète qui développe une image corporelle positive, c’est une athlète qui sera plus en santé, plus épanouie, plus confiante et en mesure d’écouter ses besoins et de mettre ses limites. C’est une athlète qui pourra atteindre son plein potentiel et s’accomplir dans son sport de façon plus durable!»
- Karah Stanworth-Belleville. Dt. P., M. Sc. Nutritionniste et cheffe de projets chez ÉquiLibre

1. Fixer des objectifs qui ne visent pas le contrôle corporel à tout prix
Bien que le poids, la composition corporelle et la morphologie d’une athlète peuvent exercer une influence sur la performance sportive, il est faux d’affirmer que leur modification sera directement associée à de meilleures performances.
En effet, lorsque le poids devient une cible de performance sportive, les efforts et les comportements pour le modifier risquent de compromettre d’autres facteurs clés de la performance (sommeil, récupération, santé physique, concentration, humeur, confiance en soi), d’augmenter le risque de troubles alimentaires et de nuire à la santé et au bien-être global des athlètes. De plus, le poids n’est pas un élément sur lequel une personne a le plein contrôle, car il est influencé par de nombreux facteurs complexes, dont plusieurs ne sont pas modifiables (p. ex. la génétique, le contexte socioéconomique, la puberté, etc.).
Il importe donc de changer la cible de vos interventions sportives afin de réduire l’importance accordée au poids et à l’apparence! Orientez-vous vers les nombreux autres déterminants de la performance sur lesquels les athlètes ont un pouvoir d’agir plus important. Concentrez-vous sur les qualités athlétiques, les aspects stratégiques et techniques, comme l’amélioration de la force, de l’endurance, de la mobilité, de la technique, de la maîtrise stratégique et de la préparation mentale, etc.
2. Favoriser un environnement sportif inclusif qui valorise la diversité corporelle
Saviez-vous que les athlètes féminines sont plus à risque de vivre un conflit entre les idéaux athlétiques valorisés pour la performance sportive de leur sport et l’image valorisée par la société dans leur vie de tous les jours?
Sachant que les normes sociales de beauté et les idéaux athlétiques sont omniprésents et trop souvent banalisés, à un point tel qu’il est possible de les transmettre sans même s’en rendre compte, il importe de créer des espaces où les athlètes peuvent se sentir accepté·e·s, respecté·e·s et inclus·e·s, peu importe leur sport ou leur niveau! Pour ce faire:
- Évitez de faire des commentaires sur le poids ou l’apparence. Commentez plutôt tout ce qui définit bien mieux les athlètes au-delà de leur apparence (ex.: qualités, traits de personnalité, efforts, engagement, courage, etc.)
- Exposez les athlètes à la diversité. Assurez-vous que les images sur votre site web, vos réseaux sociaux et sur les affiches dans les vestiaires représentent des personnes en mouvement de différents poids, genres, tailles, cultures, capacités, etc.
- Encouragez les athlètes à reconnaître, à accepter et à valoriser leur unicité. Aidez les athlètes à reconnaître qu’il n’existe pas qu’un seul modèle! Aucun corps n’est pareil, ne vaut plus ou n’est meilleur qu’un autre. Chacune possède des qualités athlétiques et des habiletés uniques qui lui permettent de pratiquer son sport et de développer des talents et des compétences uniques.
- Aidez les athlètes à développer leur jugement critique et à remettre en question les idéaux athlétiques. Expliquez aux adolescentes que la majorité des images transmises par les médias ne sont pas représentatives de la réalité, et que les idéaux athlétiques sont difficilement atteignables et soutenables, même pour les athlètes.
- Permettez à chaque athlète d’être confortable et confiante dans sa tenue vestimentaire. Pour ce faire, repensez les politiques et la règlementation entourant les uniformes et offrez un large éventail de tailles et de styles.
3. Aider les athlètes à développer leur confiance corporelle
Grâce à votre relation avec les athlètes, vous pouvez les accompagner dans le développement d'attitudes et d'habiletés qui favoriseront leur sentiment d’autonomie et leur confiance corporelle au quotidien, en les encourageant notamment à:
- miser sur ce que leur corps leur permet de réaliser et de communiquer au-delà de leur apparence (ex. se mettre au défi, se défouler, s’exprimer, avoir du plaisir, prendre soin de soi, etc.)
- valoriser l’ensemble des caractéristiques, qualités, intérêts, talents et relations établies qui les définissent bien mieux que leur apparence (ex.: leadership, persévérance, entraide, passion, résilience, etc.)
- faire preuve d’autocompassion et de bienveillance
- développer une identité athlétique équilibrée
- écouter leur corps et à s’affirmer
4. Favoriser le développement d’une relation positive avec la nourriture et l’activité physique
À l’ère des réseaux sociaux et de l’abondance d’information trompeuse ou relevant de la pseudoscience, nous sommes constamment bombardé·e·s de messages sur l’alimentation et l’entraînement. Il devient donc particulièrement difficile de s’y retrouver, surtout pour une jeune athlète! Il est donc essentiel d’encourager le développement d’attitudes et de comportements positifs envers la nourriture et l’entraînement.
Chaque athlète a des besoins uniques! Chacun·e développe des expériences, des préférences et une façon de s’alimenter qui lui sont propres. Lorsque vous abordez le sujet de l’alimentation, il importe donc d’insister sur l’équilibre, la variété, la flexibilité, le plaisir et l’écoute des besoins individuels.
5. Être un modèle
Prenez conscience de vos croyances, de vos biais et de la relation que vous entretenez vous-même avec votre corps. Réfléchissez à la façon dont ceux-ci orientent vos agissements et vos relations avec les athlètes.
Être un bon modèle ne signifie pas d’être parfait·e! Il s’agit plutôt d’inspirer les personnes avec lesquelles vous œuvrez en étant authentique et en vous montrant inclusif·ive et respectueux·euse envers votre corps et ses besoins ainsi que de celui des autres.
Soyez à l’écoute des préoccupations et des besoins des athlètes. Si vous êtes inquiet·ète pour un·e athlète qui semble avoir une relation difficile avec son corps et la nourriture ou si les besoins de l’athlète dépassent votre expertise, respectez vos limites professionnelles et orientez l’athlète vers un·e nutritionniste ou encore le ou la professionnel·le de la santé approprié·e.
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Vous voulez explorer d’autres enjeux entourant l’image corporelle des athlètes féminines (puberté, comparaison, représentation dans les médias, troubles du comportement alimentaire, etc.)?
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Comprenant 6 outils numériques, la boîte à outils est déclinée en quatre catégories de sport. Les outils sont gratuits et conçus pour les entraîneur·e·s en contexte de sports compétitifs qui travaillent auprès d’athlètes âgé·e·s de 12 à 24 ans, tout niveau de compétition confondu.
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