Comment l’image corporelle des filles influence-t-elle leur participation aux activités physiques, de sport et de plein air?

Nombreuses sont les fillettes qui adorent sauter sur toutes les occasions d’être actives, comme le font la plupart des garçons du même âge. Le passage à la puberté marque cependant une phase de transition au terme de laquelle les adolescentes sont bien moins nombreuses que leurs pairs masculins à être actives régulièrement. Et si l’image corporelle des filles était l’une des causes de cet arrêt de pratique?

Avoir une saine image corporelle, qu’est-ce que ça signifie?

Au Québec, l’organisme ÉquiLibre fait figure de leader par sa mission de prévenir et de diminuer les problèmes liés au poids et à l’image corporelle dans la population, par des actions encourageant et facilitant le développement d’une image corporelle positive et l’adoption de saines habitudes de vie. Cheffe de projets chez Équilibre, Karah Stanworth-Belleville définit l’image corporelle comme étant « la perception qu’une personne a de son corps et ce qu’elle croit que les autres perçoivent de son apparence ».

 

Une personne qui a une image corporelle positive valorise son corps pour tout ce qu’il lui permet d’accomplir, et non seulement pour l’image qu’il projette. Il est intéressant aussi de remarquer que les individus qui ont une saine image corporelle ont tendance à traiter leur propre corps avec plus de bienveillance et sont aussi plus enclins à adopter des habitudes de vie saines pour être en bonne santé, et non pour contrôler leur poids ou pour des raisons esthétiques.

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Que sait-on de l’image corporelle des filles et des femmes?

L’image corporelle se construit au fil du temps par l’ensemble des expériences vécues par une personne. Les commentaires, les moqueries, l’environnement dans lequel on a grandi, ainsi que nos traits de personnalité sont tous des éléments susceptibles d’avoir un impact sur le développement de l’image corporelle. Comme on s’en doute, l’adolescence est une période charnière à cet égard.

 

Des données bien inquiétantes, partagées par l'Institut de la statistique du Québec (2002 et 2018), nous indiquent que :

  • le tiers des filles de 9 ans a déjà essayé de perdre du poids;
  • plus de la moitié des Québécoises de 9 à 14 ans aimeraient être plus minces et 57 % sont insatisfaites de leur apparence corporelle;
  • près de trois femmes sur quatre veulent maigrir, et ce, peu importe leur poids.

 

Ces résultats ne sont pas anodins puisqu’ils illustrent à quel point la culture de la diète est bien ancrée. Et force est de constater que le grand secteur de l’activité physique a malheureusement trop souvent joué un rôle négatif dans cette équation toxique entre le poids, l’apparence du corps et le fait d’être active.

Quelle relation existe-t-il entre l’image corporelle et l’activité physique?

Lorsque la perte de poids ou la modification de son apparence devient le moteur principal pour bouger, on peut s’attendre à ce que l’activité physique devienne tôt ou tard une corvée et que la notion de plaisir en soit totalement évacuée. Cet état d’esprit ne permet pas d’intégrer l’activité physique à son quotidien et d’ainsi profiter de tous ses bienfaits. Par ailleurs, ne pas respecter son corps, ou avoir une pauvre image corporelle peut aussi faire obstacle au mode de vie actif. Pour toutes ces raisons, il est primordial d’exclure les discours qui associent la transformation du corps à la pratique sportive, surtout lorsqu’en présence de jeunes filles.

 

De plus, à l'adolescence, pratiquer une activité physique ou sportive peut présenter des défis bien particuliers, notamment lors des cours d’éducation physique et à la santé à l’école. Contrairement aux autres matières scolaires pour lesquelles la réussite ou l’échec peuvent être vécus en privé, le niveau de performance est bien souvent exposé à tous par défaut dans un gymnase. Courir, prendre sa place lors d’un match, poser le geste précis qui permettra à son équipe de gagner; voilà autant de gestes qui sont exécutés aux yeux de tous. Au-delà de leurs habiletés, les adolescentes témoignent souvent de leur malaise à s’exposer ainsi, ou évitent tout simplement ces situations en interrompant leur pratique. Alors que leur image corporelle est en plein développement, les adolescentes portent souvent une attention démesurée à ce dont elles croient avoir l’air, plutôt qu’aux sensations agréables qui résultent de l’activité ou à tout ce que leur corps leur permet d'exprimer ou de vivre.

 

La problématique de l’insatisfaction corporelle n’est pas sans conséquence. Elle fait obstacle à l’adoption de saines habitudes de vie, et amène plusieurs Québécois·es à adopter des comportements qui mettent leur santé à risque, comme sauter des repas, fumer ou s’entraîner de façon excessive. Les adultes, qu’ils soient entraîneur·es, parents ou enseignant·es, ont un rôle crucial à jouer afin d’instaurer un climat de respect, de confiance et de plaisir au sein de leurs groupes. Au cœur de leurs interventions en contextes de sport, d’activité physique ou de plein air, ils peuvent influencer pour le mieux l’image corporelle des filles auprès desquelles ils et elles interviennent, permettant ainsi de favoriser une saine pratique dans laquelle le contrôle du poids ou de l’apparence n’ont pas leur place.

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Pour améliorer ses pratiques et promouvoir une image corporelle saine chez les filles, consultez le guide 5 pistes d’action pour favoriser une image corporelle positive : guide à l’intention des enseignant·es d’éducation physique et à la santé du primaire et du secondaire et les outils complémentaires conçus par ÉquiLibre, en collaboration avec la Fédération des éducateurs et éducatrices physiques enseignants du Québec (FÉÉPEQ).

Références

  • Dion, J., Hains, J., Vachon, P., Plouffe, J., Laberge, L., Perron, M. & Leone, M. (2016). Correlates of body dissatisfaction in children. The Journal of pediatrics, 171, p.202-207.
  • Camirand, H. (2018). Statut pondéral, apparence corporelle et actions à l’égard du poids, Enquête québécoise sur la santé des jeunes du secondaire 2016-2017. Résultats de la deuxième édition. La santé physique et les habitudes de vie des jeunes, [En ligne], Québec, Institut de la statistique du Québec, Tome 3, p.165-189.

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