Image corporelle: comment intervenir auprès des jeunes filles afin de faciliter la participation dans le sport, le plein air et l’activité physique?

« 9 filles sur 10 n’atteignent pas les recommandations de s’activer 60 minutes par jour. »

Plus de la moitié des jeunes filles québécoises de 12 à 17 ans sont insatisfaites de leur corps : c’est ce que révèle l'Enquête québécoise sur la santé des jeunes du secondaire (EQSJS) 2016-2017, dont les résultats ont été publié en 2018. Ce taux d’insatisfaction est de 57 % chez les jeunes filles (et de 54 % chez les garçons du même âge, ce qui est aussi très élevé). Amener les jeunes filles à renforcer leur confiance en elles grâce aux saines habitudes de vie et à l’activité physique, est-ce possible?

On nous rabâche les oreilles depuis des années avec l’idée qu’il faut s’aimer tel qu’on est, et faire fi des « exigences » imposées et véhiculées par les médias sociaux et autres. Malgré des campagnes audacieuses et des initiatives publicitaires à contre-courant qui valorisent la diversité corporelle, notre mauvaise perception de nous-mêmes n’est pas meilleure. Pire : elle est en progression si l’on en croit 'Institut de la statistique du Québec: en six ans, ce taux d’insatisfaction a gagné six points de plus.  

Regard sur son corps

L'organisme ÉquiLibre s’intéresse aux problématiques liées à l’image corporelle. « Nous travaillons avec l’industrie de l’image pour prévenir les préjugés et les stéréotypes discriminatoires, et pour améliorer la perception de l’image corporelle », résume Karah Stanworth-Belleville, nutritionniste et cheffe de projet chez ÉquiLibre (et ex-athlète de haut niveau en natation). Cet organisme national, qui cumule plus de 30 ans d’actions, de campagnes de sensibilisation et d’informations offertes notamment en ligne, outille les professionnels intervenant auprès des publics cibles, notamment les enfants et surtout les adolescents, particulièrement vulnérables à cet égard.  

Nombre de jeunes, garçons ou filles, sont soumis à l’injonction de stéréotypes, comme la norme de la minceur ou de l’hypermusculature, ce qui les amène à adopter des comportements néfastes pour leur santé : régimes alimentaires stricts ou pratique compulsive du sport. Résultat : 65 % d’entre eux tenteraient de modifier leur poids, toujours selon l'EQSJS. « Arrêtons de miser sur la perte de poids et fixons-nous l’objectif du bien-être, recommande Karah Stanworth-Belleville. La promotion de saines habitudes de vie, comme l’alimentation équilibrée et l’activité physique intégrée au quotidien, est au cœur de notre mission. » 

« Apprendre à aimer son corps tel qu’il est et non tel qu’il devrait être est essentiel pour adopter de saines habitudes de vie. On ne peut pas prendre soin d’un corps qu’on n’accepte pas. » 

Karah Stanworth-Belleville, cheffe de projet chez ÉquiLibre

À l'automne 2020, l’une des trois campagnes de l’organisme portait justement sur l’apparence physique et l’activité physique. L’idée porteuse de cette campagne : valoriser le corps comme source d’accomplissement et de compétences plutôt que pour son apparence. « Nous savons que l’abandon de l’activité physique touche surtout les filles à l’adolescence », précise Karah Stanworth-Belleville. Ce décrochage multifactoriel peut s’expliquer aussi par le fait qu’en pratiquant un sport, on expose son corps en mouvement à des commentaires et des jugements, notamment sur le poids, qui peuvent amener à interrompre ses activités.  

« Apprendre à aimer son corps tel qu’il est et non tel qu’il devrait être est essentiel pour adopter de saines habitudes de vie, ajoute-t-elle. On ne peut pas prendre soin d’un corps qu’on n’accepte pas. » D’où l’importance de travailler à l’acceptation de soi et ainsi d’éviter les comportements compulsifs, comme les diètes draconiennes, qui focalisent sur l’image corporelle plutôt que sur les prouesses physiques dont il est capable : flexibilité, puissance, performance évolutive, dépassement, etc.  

Au-delà de l'image

Encourager la pratique du sport et du plein air chez les jeunes filles est au cœur du mandat de Fillactive, l’organisme qui entend amener les adolescentes à avoir envie de bouger, et ce, dans la durée, grâce à l’implication de modèles inspirants.  

« L’inspiration peut venir d’un professeur de français ou d’histoire, par exemple, qui devient membre actif de l’équipe-école, soutient Geneviève Leduc, conseillère principale chez Fillactive. Car, soyons clairs : 9 filles sur 10 n’atteignent pas les recommandations de s’activer 60 minutes par jour. »  

Depuis 2007, l’organisme de bienfaisance contribue à inciter les jeunes filles à poursuivre leurs activités sportives par le concours d’« ambassadrices » passionnées par leur sport et qui animent trois fois par année des ateliers de yoga, de Zumba, de boxe, d’arts martiaux ou, encore, de sports collectifs comme le rugby dans le cadre d’activités parascolaires.  

« L’idée est de modifier le regard des adolescentes sur l’activité physique, notamment en sortant du créneau traditionnel de la compétition et en misant davantage sur le jeu et sur l’esprit d’équipe », explique Geneviève Leduc. Et ça fonctionne plutôt bien. « Les filles qui en bénéficient le plus sont celles qui étaient les moins actives au départ; à cet égard, on constate une amélioration importante. » 

Certes, de nombreuses jeunes filles restent réfractaires à l’idée de bouger, même en plein air. « Nous avons aussi des stratégies qui s’adressent aux filles qui ne s’inscrivent pas aux activités, ajoute Geneviève Leduc. Nous organisons des célébrations printanières en accueillant 3000 participantes autour d’un grand événement rassembleur avec de nombreux partenaires d’activation. » Programmes d’entrainement adaptés, incluant des vidéos à l’attention du public cible, et informations sur l’alimentation sont également offerts sur la plateforme interactive de Fillactive.

Certes, la période de pandémie que nous venons de traverser – et qui a stoppé un moment la pratique des activités parascolaires – a quelque peu compromis la poursuite des activités notamment sportives chez les jeunes. Des options à distance ont bien été mises en place pour s’assurer de maintenir les bienfaits physiques et émotionnels reliés à la pratique du sport et du plein air. Reste que restaurer ces habitudes dans le quotidien des jeunes est plus que jamais d’actualité.

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