L’impact de la puberté sur l’activité physique des jeunes filles

À l’adolescence, plusieurs jeunes filles abandonnent la pratique d’activités physiques et sportives pour de multiples raisons. La principale coupable? La fameuse puberté (et tous les changements qu’elle apporte avec elle)! Serait-il possible d’atténuer les effets négatifs de la puberté, passage inévitable dans la vie des adolescentes, pour qu’elles continuent d’être actives? Il existe des solutions simples.  

Puberté: des changements de toutes sortes 

La puberté, c’est un moment durant lequel de multiples changements corporels s’opèrent. Chez les filles, on parle, notamment, du début des menstruations, de l’apparition des seins et de l’augmentation de la pilosité. Pour grand nombre d’entre elles, ces changements causent de l’inconfort, encore plus lorsqu'elles s’activent et, dans bien des cas, mènent à l’abandon de la pratique d’activité physique et sportive. Selon les plus récents chiffres, c’est le tiers des filles canadiennes qui abandonnent la pratique sportive et ce, à partir de l’âge de 13 ans (Femmes et sport au Canada, 2020).  

«Même si toutes les filles passent à travers des changements qui sont similaires à la puberté, ses effets sur l’activité physique sont rarement discutés et c’est malheureux, estime Geneviève Leduc, spécialiste de la question de l’activité physique des adolescentes et conseillère principale aux programmes chez Fillactive. Avoir des poils sur les jambes, c’est absolument normal et ça ne devrait pas nous empêcher de nous baigner. Quand on a chaud, on transpire et ça peut faire des cernes sur nos vêtements. Être menstruée, ça complique pas mal notre quotidien, mais s’activer dans les limites de notre confort en période menstruelle ou prémenstruelle, ça peut tellement faire du bien! Il faut prendre le temps de dire les vraies choses aux filles, mais n’oublions pas aussi de créer des environnements bienveillants à l’égard de notre corps et de celui des autres. Normaliser ou dédramatiser tous ces changements peut faire une très grande différence dans la qualité de l’expérience des adolescentes.»  

Les filles peuvent être plus ou moins affectées par les effets de la puberté sur leur corps. Parfois, elles vont même préférer s’exclure d’une activité physique plutôt que de se mettre dans cette situation de malaise. Les changements corporels liés à la puberté sont non-négligeables, mais plusieurs autres transformations ont lieu au même moment. 

L’adolescence est une période pendant laquelle les jeunes tentent de se définir, de se faire accepter par leurs pair·e·s et où le jugement des autres est particulièrement important. C’est pourquoi le regard des autres a autant de poids dans la relation qu’ont les filles avec leur corps et l’acceptation de leur nouvelle apparence.  

En mettant à contribution quelques participantes Fillactive, nous tenterons ici de vous proposer des solutions à essayer pour lever les obstacles liés aux changements corporels de la puberté avec les ados que vous côtoyez, que vous intervenant·e en activité physique, enseignant·e en éducation physique, entraîneur·e, ou même parent. 

Les seins

«J’ai peur qu’on voie ma poitrine rebondir quand je cours.» - Lydia, 14 ans. 

Dans le cadre d’une étude, 73% des répondantes ont dit avoir au moins une inquiétude à propos de leurs seins lors de la pratique d’activité physique. À noter que les seins peuvent poser problème chez certaines filles, qu’ils soient développés ou non. De plus, 38% des participantes étaient dans la même situation que Lydia et 34% des filles étaient gênées de se changer devant les autres. 

Pour essayer d’atténuer cet inconfort lié aux seins, on peut proposer aux filles de porter un soutien-gorge sportif. Vous trouverez quelques conseils sur le choix ici. Dans certains cas, des ados refuseront de porter cette pièce de vêtement qui vient écraser leur poitrine trop menue à leur goût. On peut montrer de l’ouverture à ce qu’elles portent des vêtements de sport plus amples pour dissimuler davantage leurs formes. Finalement, on peut leur laisser suffisamment de temps et l’espace nécessaire au vestiaire pour qu’elles puissent se changer seules, à l’abri du regard des autres. 

 

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Fillactive

Les menstruations

«Quand je suis dans ma semaine, j’ai l’impression que tout le monde le sait et ça me gêne» - Yasmina, 15 ans 

Les croyances sont encore à changer quant à la gestion des crampes menstruelles et à l'exemption de la pratique d’activité physique. Avant toute chose, il est essentiel de garder en tête que chaque fille est différente et que la manière de vivre ses règles est tout aussi unique.  

D’abord, les menstruations ont un réel impact sur la performance sportive. D'ailleurs, dans une étude menée auprès de 15 joueuses internationales de rugby, 67% d’entre elles ont dit que les symptômes reliés aux menstruations ont nui à leur performance. Elles ont mentionné des symptômes tant physiques (crampes, maux de tête, fatigue…) que psychologiques (manque d’attention, inquiétude, fluctuation des émotions, baisse de motivation...).  

Il est intéressant de mentionner que les athlètes sondées ne peuvent pas dire si ce sont les symptômes physiques ou psychologiques qui ont eu le plus gros impact sur elles. Ensuite, la pratique d’activité physique peut aider à contrôler les symptômes physiques et à améliorer l’humeur en sécrétant des hormones qui font du bien. Tout en respectant ses capacités et les signaux envoyés par le corps, le fait de s’activer peut, dans certains cas, aider les ados à traverser cette période du mois désagréable. 

Il pourrait être intéressant de rappeler aux filles d’avoir une trousse avec des tampons, des serviettes, des sous-vêtements ou même un pantalon de rechange pour ces fois où elles en auraient besoin. Aussi, rappelons-nous que ce sujet touche 50% de la population, donc mettons la honte et la gêne de côté quand on l’aborde. Dédramatisons la situation! 

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Les poils

«Moi, j’haïs mes poils de jambes. J’aime mieux rester assise sur le banc si j’ai oublié mes pantalons de gym que de faire le cours en short. J’ai pas envie que tout le monde voie ça!» - Inès, 17 ans 

À la puberté, l’apparition de poils plus foncés ou à de nouveaux endroits peut rendre certaines filles inconfortables, surtout à cause des images qu’elles voient dans les publicités et sur les réseaux sociaux. Il faut se rappeler que tout le monde a du poil et que c’est normal. 

Quand vient le temps de choisir un uniforme sportif, on peut être ouvert·e à ce que les ados troquent le short pour un pantalon athlétique ou un legging si ça ne nuit pas à la pratique de l’activité. On peut aussi montrer de l’ouverture au port du chandail à manches longues si applicable. Et, on peut certainement montrer l’exemple pour normaliser la situation. 

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Fillactive

La sueur

«J’aime pas avoir chaud et suer. J’ai peur d’avoir des spots en-dessous des bras et que tout le monde les regarde.» - Zoé, 13 ans. 

Contrairement à ce qu’on pourrait penser, ce n’est pas la peur de dégager de mauvaises odeurs qui empêchent certaines filles de participer à l’activité. Le simple fait de suer et d’avoir des marques sur leurs vêtements est suffisant pour garder plusieurs ados sur le banc afin d’éviter à tout prix d’avoir chaud. 

Le choix de couleur dans les vêtements pourra être une solution satisfaisante pour plusieurs; les couleurs plus foncées ont tendance à mieux dissimuler les cernes de sueur que les pâles. Le type de tissu pourra, aussi, être considéré: attention aux fibres très absorbantes et épaisses qui garderont l’eau et qui auront de la difficulté à sécher. 

L’ajustement des vêtements pourra mieux dissimuler la sueur s'il est davantage ample. Ainsi, les cernes sous les seins ou les haines humides pourront passer davantage inaperçus. Même si l’odeur n’est pas à l’avant-plan des freins liés à la sueur, la promotion du déodorant est de mise en prévention. Sinon, le linge de rechange est une option intéressante surtout pour ne pas passer le reste de la journée dans des vêtements humides qui finiront certainement par dégager une certaine odeur.  

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Fillactive

Malgré la réticence que plusieurs ados ont par rapport au fait de mettre leur corps en mouvement, il est important de continuer à les inciter à le faire. En plus de ses bienfaits sur la santé physique, le fait d’être active a des effets très positifs sur la santé psychologique et émotionnelle surtout dans cette période de très grands changements hormonaux:  

  • Augmentation du bien-être psychologique;
  • Amélioration de l’humeur;
  • Augmentation de l’estime de soi;
  • Diminution du stress et de l’anxiété;
  • Diminution des symptômes de dépression.

En adoptant une approche bienveillante et adaptée à la réalité des filles, on met la table pour une douce gestion des changements que vivent les adolescentes à la puberté. En fait, il s’agit de voir l’adolescence comme une opportunité plutôt qu’une source de problème. C’est le moment idéal pour essayer, se tromper, tester et, ultimement, apprendre à apprécier l’activité physique pour ce qu’elle a comme effet sur le corps et la tête des adolescentes.  

Pour en savoir plus, visionnez la vidéo Les bienfaits de l’activité physique : magique ou scientifique? produite par Fillactive. 

 

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