En 2018, l’Enquête québécoise sur la santé des jeunes du secondaire rapportait à nouveau à quel point il y a un écart entre les filles et les garçons en regard de leur pratique d’activité physique. Dans leurs loisirs, les garçons (22 %) sont plus nombreux que les filles (13 %) à être actifs. De plus, les filles de 5^e secondaire étaient plus susceptibles d’être sédentaires que celles de 1^er, 2^e ou 3^e secondaire, alors qu’il n’y avait pas de différences chez les garçons selon leur niveau d’étude. Quels facteurs seraient susceptibles de motiver les filles à pratiquer une activité physique régulièrement et ainsi renverser cette tendance?

Les filles et les garçons : pareils ou différents?

De façon générale, les filles et les garçons voient le sport différemment dès l’approche de l’adolescence. Cependant, filles et garçons ne forment pas des blocs homogènes. Il est donc essentiel de toujours demeurer à l'écoute des préférences, des besoins et des barrières spécifiques à chaque individu, derrière son genre, puisque certains garçons pourraient très bien se reconnaître dans les caractéristiques nommées ici, alors que plusieurs filles pourraient ne pas s’y reconnaître du tout.

6 facteurs qui motivent les filles à bouger régulièrement

Parce que plusieurs personnes qui évoluent autour des adolescentes se demandent comment motiver une ado à faire du sport, voici quelques facteurs qui contribuent à augmenter la motivation des filles par rapport au sport, à l’activité physique et au plein air. 
 

1. La confiance en leurs habiletés: travailler l'estime et la confiance en soi

Les filles ont tendance à se juger sévèrement en contexte sportif. Bien qu’elles aient parfois un regard trop critique sur leurs performances, elles présentent souvent des lacunes en regard de leurs habiletés. D’ailleurs, les expériences positives du passé sont essentielles : c’est entre autres en prenant part à une grande variété d’activités que les filles prendront confiance en leurs moyens. Il faut donc favoriser le développement de leurs habiletés, sans quoi elles pourraient ne pas  développer ce sentiment de compétence qui leur permettra de sauter avec plaisir sur toutes les occasions nouvelles de s’activer.

Travailler ces habiletés permet également de vivre des réussites qui, à long terme, auront un impact sur le sentiment de confiance et d’estime de soi. 
 

2. Le respect des changements de la puberté

Menstruations, pilosité, apparition des seins; les transformations corporelles qui surviennent à la puberté peuvent être la cause d’une grande dose d’inconfort pour les filles. Certaines se sentent alors constamment jugées et ont l’impression que tous les regards sont tournés vers elles. Elles doivent pouvoir compter sur des adultes bienveillants qui les aident à accueillir ces changements physiques, et à trouver des façons acceptables à leurs yeux de vivre des expériences d’activités physiques qui les mettent à l’aise. Alors qu’elles traversent l’adolescence, elles apprécient généralement les occasions de pratique entre filles seulement avec lesquelles elles se permettent d'être bien dans leurs corps et dans leur tête.

3. L’offre d’activités adaptées aux préférences

Quel sport prioriser pour une ado qui «n'aime pas le sport»? Il n'y a pas de réponse parfaite à cette question, mais on sait maintenant que les filles sont moins nombreuses que les garçons à percevoir la compétition comme une source de motivation. Plusieurs d’entre elles détestent démontrer leurs habiletés devant un groupe. Elles apprécient aussi davantage les activités nouvelles, qui suivent les tendances, plutôt que les activités traditionnelles (Kino-Québec, 2014). Leurs préférences peuvent varier rapidement à travers le temps et les interroger régulièrement à propos du type d’activité et des modalités de pratique peut faire toute la différence dans leur engagement.

4. Le plaisir et les amies en priorité: socialisation, dépassement de soi et compétition amicale avant tout

À l’adolescence, l’activité physique est un formidable véhicule pour renforcer le réseau social des filles et favoriser la socialisation. Le sentiment d'appartenance au groupe est crucial et les aspects relationnels qui entourent l’activité sont bien souvent plus importants que les résultats ou la distance parcourue. Plusieurs n’apprécient pas la pression liée à l’impératif de performance de certains environnements, et préfèrent les occasions de pratique lors desquelles avoir du plaisir avec ses amies est le principal indicateur de succès. En résumé, les compétitions amicales sont appréciées des adolescentes qui désirent se dépasser sans avoir à performer dans un cadre trop strict. 

5. Les modèles engagés: de l'inspiration au féminin

En plus des athlètes féminines que l’on voit peu dans les médias, les amies, les parents et les adultes signifiants de l’entourage jouent un grand rôle de modèle et peuvent avoir un impact important. Le soutien et les encouragements sont nécessaires et doivent être bien dosés pour éviter de tomber dans une pression de performance qui peut faire tout dérailler. Cet entourage bienveillant doit veiller à ce que les activités physiques, sportives ou de plein air soient pratiquées pour les bonnes raisons, et éviter de favoriser ou d’entretenir une relation malsaine avec la perte de poids ou la transformation du corps.

6. Le temps: trouver l'équilibre dans leur vie occupée

La barrière à l’activité physique la plus fréquemment évoquée chez les adultes est le manque de temps… et c’est aussi le cas chez les adolescentes! Au milieu des relations sociales et amoureuses à entretenir, d’un premier emploi et des exigences scolaires, les filles laissent souvent l’activité physique de côté. Et au-delà du temps à trouver dans le calendrier pour exécuter l’activité, les filles peuvent refuser de participer si elles ne prévoient pas avoir suffisamment de temps pour se rafraîchir une fois l’activité terminée.

Lorsque les filles disposent des outils qui leur permettent de surmonter les barrières réelles ou perçues face à leur pratique de l’activité physique, elles sont en excellente posture pour maintenir leurs habitudes de façon régulière. Les entraîneur·es, enseignant·es et autres intervenant·es ont tant de pistes à explorer pour changer l’appréciation des filles envers l’activité physique et les aider à s’épanouir en la pratiquant!

Un outil pour aller plus loin

L’activité physique et sportive des adolescentes: bilan, perspectives et pistes d’action est la source principale pour tout l’article. C’est un bon outil pour ceux et celles qui veulent en savoir plus.