On le sait, les cours d'éducation physique et à la santé sont un ancrage incontournable pour promouvoir des habitudes de vie saines et actives sur le long terme. Dispensés par des enseignants universitaires qualifiés, ces cours offrent à tous les élèves une pratique inclusive, accessible et participative. En plus de ce pilier essentiel, les activités parascolaires (sport, plein air et activité physique) permettent de complémenter la pratique des filles. Ces occasions additionnelles de s'activer sont importantes aussi, puisque rares sont les adolescents qui atteignent les recommandations quotidiennes d'activité physique.
La situation est d’autant plus alarmante chez les jeunes filles: selon Statistique Canada, seulement 14%1 des jeunes filles de 12 à 17 ans respectent les recommandations, comparativement à 34% chez les adolescents. Les conséquences de cette inactivité physique sont multiples, mais, bonne nouvelle: les solutions aussi le sont. Ainsi, gardons espoir qu’en modifiant quelques paramètres, nous réussirons à faire aimer l’activité physique aux adolescentes du Québec.
La santé globale des adolescentes est d'ailleurs le sujet principal du webinaire en collaboration avec 100° qui aura lieu le 17 décembre prochain.
Un mode de vie physiquement actif : oui, mais pourquoi ?
Au-delà des bienfaits pour la santé physique, le fait d’être physiquement actif ou active améliore la capacité d’attention et la concentration, deux ingrédients non négligeables pour réussir à obtenir son diplôme d’études secondaires!
Les filles, plus spécifiquement, peuvent même espérer diminuer les risques d’ostéoporose et de cancer du sein en plus de soulager les crampes menstruelles et d’améliorer l’humeur. Dans plusieurs cas, cependant, les filles abandonnent la pratique d’activité physique à l’adolescence, non pas parce qu’elles n’aiment pas être actives, mais plutôt parce que l’offre de services n’est pas adaptée à leurs besoins.
Faire partie d’une équipe sportive, c’est merveilleux, mais qu’y a-t-il pour celles qui n’aiment pas la compétition, qui ont envie de variété ou qui n’ont simplement pas été sélectionnées dans les rangs partants? Il existe une panoplie d’options qui permettent de bénéficier de ces bienfaits liés à la pratique d’activités physiques. En voici quelques-unes.
1. Miser sur l’école
À partir de l’âge de 6 ans jusqu’à la fin du parcours scolaire, c’est tout simplement l’endroit où les jeunes passent la quasi-totalité de leur temps éveillé! On parle, en moyenne, de 35 heures par semaine pour les élèves qui ne font qu’assister à leurs cours et qui ne s'engagent pas (dans une troupe d’impro ou dans le journal étudiant, par exemple).
C’est un endroit qui permet de rejoindre presque tous les jeunes d'âge scolaire. De plus, l’école est un endroit parfait pour développer des compétences, apprendre à adopter de saines habitudes de vie, essayer de nouvelles activités et vivre des expériences positives en bonne compagnie. Avec ses infrastructures, son matériel et ses ressources humaines, l’école devient le parfait laboratoire pour entreprendre la quête de son activité physique favorite.
2. Troquer la compétition pour la participation
Il faut savoir que la compétition est une des principales raisons d’abandon de la pratique sportive chez les filles. À l'adolescence, la complexité des changements liés à la puberté donne envie à plusieurs de diminuer la pression en se tenant loin de la comparaison avec les autres filles et du stress lié à la performance.
Ainsi, mettre la performance de côté permet de laisser plus de place au plaisir d’être active, tout simplement, sans nécessairement avoir de point culminant qui justifie la pratique.
Au Québec, Fillactive est championne de l’activité physique récréative avec ses quelque 9000 participantes à travers 17 régions. Son succès repose, notamment, sur l’aspect varié de ses équipes multisports et sur l’absence de compétition.
« Une activité où les filles sont contentes d'être ensemble, sont confortables et se sentent en sécurité, sans jugement. »
- Témoignage d’une responsable scolaire
3. Varier l’intensité des activités
Offrir de la variété, c’est tout aussi important quand il est question d’intensité. Parfois, les jeunes ont envie de s’activer calmement, tandis qu’à d’autres moments, les ados souhaitent se défouler. C’est pourquoi, par exemple, le yoga et le kick boxing ont tout autant leur place dans l’offre d’activités sportives.
Le fait d’offrir un éventail d’activités ou de démontrer de l’ouverture à les ajuster à la demande des jeunes les incite à écouter leur corps et à faire preuve de bienveillance envers eux-mêmes. C’est ce qu’on appelle l’activité physique intuitive. D'ailleurs, aider les filles à mieux comprendre leurs signaux et leur faire découvrir les avantages du mouvement intuitif pourrait aussi les aider à développer une image corporelle positive et à éviter les comportements malsains.
Plusieurs initiatives de yoga en milieu scolaire ont vu le jour dans les dernières années, qu’il s’agisse de plateformes web ou de cours spécifiquement destinés aux adolescentes. On parle, notamment, du programme YOGADO, de Yoga dans l'Éducation et de MONYOGA.
4. Laisser les filles entre elles
C’est un fait de plus en plus documenté: il existe des barrières spécifiques aux filles quand vient le temps de parler de pratique d’activité physique. Toutefois, on remarque qu’elles sont davantage actives quand elles se retrouvent entre elles pour s’activer. Parfois, le fait d’offrir une activité entre filles permet à celles qui se sentent mal à l’aise en présence des garçons de se laisser aller.
Ainsi, certaines écoles réservent des plages horaires destinées exclusivement aux filles sur les différents plateaux sportifs pour les laisser s’exercer à l'abri du regard des garçons. Le fait de rassembler les filles permet aussi de s’intéresser aux barrières qui leur sont spécifiques, comme le volet social qui revêt une importance majeure dans l’engagement dans la pratique d’activité physique. Par exemple, les repas ou les collations partagés après une activité sportive permettent aux filles de réseauter et de partager des anecdotes sur ce qu’elles viennent de vivre. Aussi, donner des responsabilités aux ados quant aux activités offertes, à l’uniforme de pratique ou à la thématique de certains événements peut faire toute la différence dans l’engagement de ces dernières.
5. Parier sur le plein air
Le grand air a plusieurs bienfaits sur la santé physique et mentale et ce, tout au long de l’année. Au fil des saisons, il est possible de profiter de l’extérieur pour développer certaines habiletés motrices spécifiques à l’extérieur (courir pour descendre une pente, marcher dans une côte abrupte, glisser à sur la neige avec des skis, etc.), être à l’écoute de notre environnement et vivre des expériences mémorables avec en bonne compagnie.
Qu’elles soient en ville ou en région, plusieurs écoles profitent des couleurs automnales pour faire des randonnées ou des marches à l’extérieur. À l’hiver, c’est le ski de fond et la raquette qui ont la cote. Les plus aventurières profiteront même de la noirceur pour faire des expéditions à la lampe frontale.
Par contre, il est important de se rappeler que la pratique du plein air ne nécessite pas l’accès à une montagne ou à de l’équipement très spécialisé. Souvent oubliée, la cour d’école est le premier terrain de jeu quand on pense au plein air de proximité. Avec le projet Réenchanter la cour d’école secondaire, les équipes-écoles peuvent obtenir le soutien nécessaire dans l’acquisition de connaissances en matière d’aménagement ou de réaménagement de cour d’école qui répond aux besoins des adolescents d’aujourd’hui. L’objectif principal est d’offrir un accès quotidien à la nature aux jeunes pour favoriser la pratique d’activité physique et contrer le déficit nature, tout en impliquant les jeunes et la communauté.
6. Jouer comme à la petite école!
Contrairement à ce que l'on pourrait croire, les adolescentes continuent d'apprécier, à l’occasion, les jeux actifs comme la tague, le diamant jaune et les courses à obstacles. Le plaisir est d’ailleurs un des principaux ingrédients dans l’adoption d’un mode de vie physiquement actif chez les filles. Sans en faire les vedettes de l’offre de service, ces jeux ludiques permettent parfois de briser la glace dans les groupes en début d’année scolaire, de s’échauffer sans avoir à donner trop d’explication et de travailler spécifiquement sur l’esprit d’équipe.
Ces jeux ont aussi l’avantage de pouvoir être adaptés à tous les contextes (espace et matériel disponibles, nombre de participantes, niveau d’habileté, etc.) sans pour autant nuire au plaisir de ses pratiquantes. Il existe d’ailleurs des répertoires d’activités ludiques pour les jeunes du secondaire sur WIXX et l’application Pep ton jeu!, deux incontournables au Québec.
Attention, tous les jeux de la petite école ne sont pas bons à ramener à la polyvalente. Pensons au ballon-chasseur qui a probablement marqué chez certaines filles qui pensaient, une fois graduées, s’en être débarrassé pour de bon. Les jeux avec élimination ou qui mettent l’accent sur la maîtrise des habiletés motrices sont à éviter quand on souhaite maximiser le plaisir entre filles.
En sommes, gardons en tête qu’il n’est pas nécessaire de dépenser des sommes astronomiques ou de passer des heures à préparer des activités pour qu’elles soient appréciées par les ados. L’important, c’est d’être à l’écoute de leurs besoins et de les impliquer à toutes les étapes pour que l’offre de service soit à leur image, autant que possible.
1 Source : Statistique Canada, Rapport sur la santé: Respect des Directives canadiennes en matière de mouvements sur 24 heures pour les enfants et les jeunes, 18 octobre 2017, https://www150.statcan.gc.ca/n1/pub/82-003-x/2017010/article/54875-fra.htm