Quand on se penche sur le taux de participation à des activités physiques et sportives chez les filles du Québec et du Canada, on tombe sur des données plutôt préoccupantes. 

L'activité physique chez les Québécoises et les Canadiennes

Selon l’Enquête québécoise sur l’activité physique et le sport, tenue en 2018-2019 par le Gouvernement du Québec, seules 15% des filles de 12 à 17 ans de la province seraient actives durant leurs loisirs.  

Au Canada, le portrait est tout aussi inquiétant. Selon le Rapport d’impact 2019-2020 « Bâtissons l’avenir du sport ensemble », publié par Femmes et sport au Canada, 33% des filles abandonnent le sport à l’adolescence et 62% d’entre elles ne pratiquent aucun sport. 

Les femmes dans le leadership sportif au Québec 

Quelle place tiennent les femmes leaders dans le monde du sport, du plein air et de l'activité physique au Québec? En participation comme en représentation, les figures féminines sont encore en minorité. 

Selon le portrait statistique dressé par le Gouvernement du Québec en 2019, «Place des filles et des femmes dans les sports fédérés, les organismes voués à l'activité physique et au plein air», seulement 28% des membres des conseils d’administration des organismes de sport, de plein air et de loisirs du Québec sont des femmes. Du côté des entraîneures, ce nombre chute à 22%. 

Les leaders féminines : plus que des statistiques

Les statistiques peuvent en dire long, mais La Lancée a voulu prendre le pouls des principales concernées. C’est pourquoi nous avons mandaté la firme Léger pour réaliser une recherche auprès de 660 répondantes de 17 à 25 ans au sujet de leurs sources de motivation à être physiquement actives. En analysant les résultats de cette recherche, on peut, en quelque sorte, mettre des visages sur les statistiques.  

Les trois faces du leadership féminin

La recherche Léger a su montrer 3 types de relations des sondées à l’égard des fonctions de leadership dans le sport, le plein air et l’activité physique: la leader actuelle, l’ancienne leader et la non-leader. 

La leader actuelle (15% des personnes sondées) 

La leader actuelle est une leader née. Aujourd’hui, elle est peut-être enseignante, éducatrice ou entraîneure. Au plus profond d’elle, elle aimerait faire carrière dans le domaine, mais malgré son bagage étoffé, elle se demande parfois si elle a réellement toutes les compétences et la confiance nécessaire pour performer dans ce rôle. 

L'ancienne leader (22% des personnes sondées) 

L'ancienne leader a arrêté d’être en position de leadership. Le manque de modèles féminins dans l’univers du sport l’a amenée à se questionner sur sa place dans ce milieu. Néanmoins, elle est toujours active au quotidien. Elle pourrait être intéressée à reprendre une position de leader si on lui présente une opportunité où elle se sentira à sa place. 

La non-leader (63% des personnes sondées) 

La non-leader n'a jamais occupé de fonction de leadership et n'est pas vraiment intéressée à devenir leader. Elle ne considère pas détenir les compétences requises pour remplir un tel rôle. Elle est moins active qu’à l’adolescence et a maintenant d’autres priorités dans sa vie. Quand elle fait de l'activité physique, elle privilégie les activités en solo. 

Quel est le lien entre leadership et activité physique?

Un lien important est remarqué entre la fréquence de la pratique de sport, de plein air ou d’activité physique et le leadership. En effet, les femmes qui occupent des positions de leadership ont plus de chances d’être actives. 

On notera d'ailleurs que 95% des répondantes accordent une grande importance à la poursuite des actions visant la participation et le leadership des filles et femmes dans les trois secteurs (sport, plein air et activité physique). 

«Les filles qui vivent des expériences positives en sport [voudront] redonner à leur sport et s'engager dans des postes de leadership. Il y a un certain sentiment d'appartenance qui se construit dans l'expérience sportive. Ce sentiment peut mener à vouloir devenir une leader.»

Sylvie Béliveau, directrice, égalité des genres en sport chez Égale Action

Pour que changent les choses en matière de leadership féminin, l'organisme Égale Action travaille sans relâche avec pour objectif d’atteindre une représentation équitable et égalitaire des femmes au sein des instances sportives. 

Sylvie Béliveau, directrice, égalité des genres en sport chez Égale Action, met à profit sa propre expérience de joueuse, d'entraîneure et de bâtisseuse en soccer pour faire la lumière sur l'importance du leadership au féminin :  

«Les filles qui vivent des expériences positives en sport [voudront] redonner à leur sport et s'engager dans des postes de leadership. Il y a un certain sentiment d'appartenance qui se construit dans l'expérience sportive. Ce sentiment peut mener à vouloir devenir une leader.»  

L'importance d'avoir des leaders féminines

Voir des têtes dirigeantes à leur image est primordial pour encourager les filles à maintenir un mode de vie actif. Bien sûr, la question de la représentation joue un rôle important dans l'intérêt que celles-ci porteront au sport, au plein air et à l'activité physique. Toutefois, offrir des modèles féminins n'en est pas la seule raison. 

Sylvie Béliveau souligne qu'une représentation féminine dans les positions décisionnelles est nécessaire pour que les enjeux spécifiques aux filles et aux femmes soient pris en compte. Elle explique: «La présence des femmes [dans les postes décisionnels], c'est de la diversité, des voix différentes, des expériences différentes. Quand on n'a pas cette représentation-là [...], c’est dire qu’on opère avec des angles morts». 

Le plaisir à la base de tout

De ces sondages et statistiques, un message clair ressort: pour faire en sorte que les filles continuent à s'intéresser au sport, au plein air et à l'activité physique à l'âge adulte, on a besoin de figures féminines dans les postes de leadership.  

Mais comment faire pour que les filles aient envie d'entamer une vie active, avant toute chose? Selon Mme Béliveau, on oublie trop souvent les fondements du sport et de l'activité physique.  

«Le plaisir de jouer doit provenir du jeu lui-même et non de l’encadrement. Celle qui souhaite entamer un sport doit le faire librement, en explorant l’environnement sportif choisi. Les adultes sont responsables de créer des environnements sécuritaires absents de jugement et de comparaison. La motivation intrinsèque, ce moteur de départ, se développe lorsqu’il y a le moins de contraintes possibles.» 

Autrement dit, si on veut que les filles s'initient aux bienfaits de l'activité physique et du sport, on doit leur laisser la liberté de découvrir. Selon Sylvie Béliveau, «le plaisir vient avant l'apprentissage». 

Ce message s'adresse donc aux parents et aux entraîneur·es: pour que les filles prennent leur place dans le domaine du sport, du plein air et de l'activité physique, donnez-leur la chance d'explorer, la chance de développer une passion. C'est ainsi que se créeront les leaders féminines de demain! 

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