Le droit de sauter à l’eau: portrait d’une nageuse en eau libre qui n’a pas froid aux yeux

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Petite, Marie-Claire Fortin s’imaginait faire les Jeux Olympiques de Los Angeles à même sa piscine familiale! N’ayant peur de rien, cette gamine compétitive désirait traverser des lacs et accomplir de grands exploits. Mais à l’adolescence, son rapport avec son corps a drastiquement changé, pour devenir une barrière qui mettra un frein à ses rêves pendant vingt-huit ans. 

Heureusement, cette femme déterminée était bien loin d’avoir dit son dernier mot. 

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Défier les obstacles

C’est un léger surpoids qui a miné l’estime de Marie-Claire pendant tout ce temps, elle qui recevait à l’époque des commentaires désobligeants et qui considérait qu’elle n’avait pas le physique requis pour faire du sport. À quarante ans, s’entraînant à la course avec ses collègues en vue du Défi entreprises, les choses ont changé. «L’esprit de gang a été un grand déclencheur qui m’a décomplexée. On bougeait ensemble sans jugement. J’ai réalisé que ce n’est pas parce que tu n’as pas l’apparence de quelqu’un qui pratique un sport que tu n’as pas le droit d’en faire pour autant.»  

Lorsque Marie-Claire a changé de travail, elle a transformé sa propre histoire de vie en facteur de motivation pour les autres femmes. «J’ai amené l’idée aux collègues de participer au Défi entreprises. Les gens me disaient qu’ils ne seraient pas capables. Comme je comprenais bien ce sentiment, je savais les convaincre du contraire.» 

Nager en eau libre

Il y a sept ans, Marie-Claire Fortin a entamé le premier pas vers la concrétisation de son rêve: nager en eau libre. Elle a intégré un groupe pour apprendre, et trouvé un coach qui a su lui donner confiance en ses capacités. «Malheureusement, les gens au Québec n’associent la nage en eau libre qu’à de grands exploits sportifs. En réalité, celles et ceux qui la pratiquent la perçoivent plutôt comme une activité physique.»  

«Malheureusement, les gens au Québec n’associent la nage en eau libre qu’à de grands exploits sportifs.»

  • Marie-Claire Fortin, nageuse en eau libre

Lors d’un voyage en Angleterre, elle a parcouru cinq kilomètres en eau libre avec 800 personnes, uniquement pour le plaisir. Aux côtés de gens de toutes les morphologies, elle a constaté à quel point cette activité y est davantage accessible qu’au Québec. C’est ainsi qu’est née la mission de Marie-Claire: lever les obstacles et aider toute personne qui a envie plonger tête première (c’est le cas de le dire!) dans ce beau défi.  

Une histoire de dépassement de soi

Contrairement à la natation traditionnelle en piscine, la nage en eau libre se déroule dans des lacs ou des espaces naturels, offrant ainsi une communion unique avec l'environnement extérieur. «Cette activité procure une grande liberté; tu fais corps avec la nature. C’est comme marcher dans le bois, versus marcher sur un tapis roulant».  

«La nage en eau libre procure une grande liberté; tu fais corps avec la nature. C’est comme marcher dans le bois, versus marcher sur un tapis roulant».

  • Marie-Claire Fortin, nageuse en eau libre 

Même si elle s’y adonne depuis maintenant sept ans, cette activité génère pourtant encore des craintes dues à la profondeur et à l’obscurité du lac. «Un matin brumeux, j’ai dû combattre l’anxiété pendant la moitié de ma traversée. C’est un défi, mais c’est aussi très excitant. C’est une aventure qui en vaut la peine», raconte la nageuse. 

La création d’un grand projet

À travers son parcours, les barrières personnelles de Marie-Claire sont devenues des moteurs d'inspiration. Il y a un an, elle a d’ailleurs eu l’idée de mettre sur pied le mouvement Nage en eau libre Québec, une plateforme où les cartes des sites ainsi que les événements compétitifs ou récréatifs de nage en eau libre sont facilement accessibles. Sur ses réseaux sociaux, elle rallie une communauté composée de 75% de femmes. Marie-Claire Fortin y partage le bonheur qu’apporte la pratique de la nage en eau libre. «Maintenant, je sais que j’ai le droit de faire ce que j’aime, d’enfiler un wetsuit et de traverser les lacs. Incarner la voix de celles qui osent se lancer et qui souhaitent pratiquer ce sport pour leur bien-être et pour se dépasser, voilà ma mission.».  

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