Sport, activité physique et plein air: 4 hommes qui jouent un rôle dans l’avancement des filles et des femmes

Convaincus qu’ils ont eux aussi leur rôle à jouer dans l’avancement des filles et des femmes dans le sport, le plein air et l’activité physique, plusieurs hommes n’hésitent pas à agir dans leur milieu et à s’impliquer concrètement pour changer les choses. Nous vous en présentons quatre.  

Steeve Ager : offrir l’accès aux bienfaits du sport à l’ensemble des femmes 

D’entrée de jeu, Steeve Ager trouve inconcevable que les femmes puissent encore être considérées comme un groupe homogène dans l’univers sportif. « Quand on parle de 51 % de la population et qu’on appelle ça une clientèle spécifique, dit-il, moi ça me questionne beaucoup. »  

Aujourd’hui directeur général du Réseau des unités régionales de loisir et de sport du Québec (RURLS), Steeve Ager a été sensibilisé très tôt dans sa carrière aux barrières que les femmes rencontrent. Directeur des opérations et des programmes de Fillactive de 2017 à 2019, et conseiller principal en activité physique à la Direction générale de la santé publique du ministère de la Santé de 2013 à 2016, il s’est toujours assuré que les organismes avec lesquels il travaille sont sensibles à une approche différenciée hommes et femmes. « L’approche différenciée, poursuit-il, c’est de tenir compte des différences entre les clientèles qu’on dessert, de répondre à leurs besoins spécifiques et de les traiter avec une certaine égalité. Chaque fois qu’on pense à développer un programme, ça devrait aller de soi de le penser pour les deux sexes. » 

En tant qu’homme, il trouve important de passer un message fort sur la place des femmes et des filles en sport, non seulement en paroles, mais en actions. Propriétaire du centre sportif Baseball 360, à Trois-Rivières, il ne cache pas sa fierté d’accueillir l’Académie Baseball Canada (ABC) féminin. De concert avec Baseball Québec, ce projet pilote est le premier programme de baseball haute performance 100 % féminin à voir le jour au pays. « Les hommes doivent prendre conscience qu’ils peuvent jouer un rôle important pour aider à l’avancement des femmes et des filles en sport, conclut-il. Comme en activité physique, chaque geste compte et chacune de nos actions peut faire une grande différence pour permettre aux femmes de briser des barrières. »

« L’approche différenciée, c’est de tenir compte des différences entre les clientèles qu’on dessert, de répondre à leurs besoins spécifiques et de les traiter avec une certaine égalité. Chaque fois qu’on pense à développer un programme, ça devrait aller de soi de le penser pour les deux sexes. » 

Steeve Ager, directeur général du RURLS.

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Réseau des URLS

Éric Brunelle : favoriser l’équité entre les sexes aux postes décisionnels 

Professeur titulaire au Département de management et directeur du Pôle sports à HEC Montréal, Éric Brunelle s’intéresse aux enjeux entourant le leadership depuis près de vingt ans. « On a toujours eu cette problématique du plafond de verre pour les femmes dans les postes de direction des organisations sportives, dit-il. Ça vient me chercher cette injustice. » Avec ses collègues Richard Legendre et Samuel Ouellette, il est à l’origine de la création, au printemps 2021, de l’Espace leadership féminin, qui vise à poser des actions au profit de l’équité entre les sexes et de l’avancement des femmes à des postes décisionnels au sein de l’industrie sportive. 

Pour l’aider à créer un réseau conjuguant formation, recherche et transfert de connaissances, Éric Brunelle s’est entouré d’un groupe de onze ambassadrices qui serviront de mentors et pourront aider la relève en inspirant les femmes dans leur développement de carrière, en partageant leur histoire et leurs valeurs. « Il reste encore beaucoup de chemin à parcourir avant d’atteindre l’équité femmes-hommes aux postes de leadership, précise-t-il. Pour y parvenir, nos ambassadrices nous disent qu’il ne faut pas seulement former les femmes. Je pense également qu’il faut aussi former les hommes. » 

« Il reste encore beaucoup de chemin à parcourir avant d’atteindre l’équité femmes-hommes aux postes de leadership. Pour y parvenir […], il ne faut pas seulement former les femmes. Je pense également qu’il faut aussi former les hommes. » 

Éric Brunelle, professeur titulaire au Département de management et directeur du Pôle sports à HEC Montréal.

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HEC Montréal

Francis Ménard : premier homme à siéger au conseil d’administration d’Égale Action 

Dès ses études, Francis Ménard confie s’être heurté aux inégalités entre les femmes et les hommes dans le sport. « Visiblement, il manque de femmes dans le milieu sportif, à tous les niveaux, constate-t-il. Il faut regarder au-dessus de la mêlée et prendre conscience que les chiffres veulent dire quelque chose. » Le directeur de la Fédération de natation du Québec, qui a également dirigé Parasports Québec et la Fédération de Water-Polo du Québec, croit que l’approche traditionnelle crée des freins pour les femmes et qu’il y a une culture de l’entrainement à changer pour favoriser la rétention et l’implication compétitive des femmes.  

Convaincu que les hommes doivent aussi intervenir et devenir des alliés des femmes, Francis Ménard a accepté sans hésiter d’être le premier homme à siéger au conseil d’administration d’Égale Action, dont la mission est de rendre le système sportif équitable à l’égard des filles et des femmes et à soutenir ces dernières dans le développement de leur plein potentiel. « Si on veut devenir un allié, précise-t-il, il faut oser se mettre à risque. » 

« Visiblement, il manque de femmes dans le milieu sportif, à tous les niveaux. Il faut regarder au-dessus de la mêlée et prendre conscience que les chiffres veulent dire quelque chose. » 

Francis Ménard, directeur de la Fédération de natation du Québec et premier homme à siéger au conseil d’administration d’Égale Action.

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DC Photography

Luc Parlavecchio : faire des femmes ses principales alliées 

Depuis plus de 20 ans, Luc Parlavecchio utilise le sport en plein air comme outil de développement humain. Le jour de l’entrevue, il était à quelques heures d’accompagner un groupe d’une dizaine de femmes autochtones et allochtones du Centre d’amitié autochtone de Lanaudière, dans un défi sportif de 220 km, à pied, à la course et en vélo, entre Joliette et Wendake. L’objectif : vivre une aventure commune en équipe, repousser ses limites et reprendre le pouvoir sur sa vie en se reconnectant à son corps. 

Œuvrant dans le milieu de l’intervention sociale, Luc Parlavecchio travaille essentiellement avec des femmes. Il considère que ce sont les femmes qui sont ses alliées, et non l’inverse. « C’est vraiment un milieu d’hommes qui m’a construit, confie-t-il. Mais c’est un milieu de femmes qui me permet de m’accomplir et de me réaliser. »  

Luc Parlavecchio, qui a entraîné l’équipe féminine de rugby de l’Université de Sherbrooke, de 2016 à 2018, n’hésite pas à dire que cette expérience a fait de lui un meilleur entraîneur. « Ça a vraiment été un beau projet avec des femmes qui n’avaient rien à envier aux hommes dans leur engagement et dans leurs compétences, raconte-t-il. Ce ne sont pas les mêmes leviers quand on entraîne des filles et des garçons, aussi j’ai dû développer mon sens du care et de la relation. » Un sens de la relation à l’autre qui lui permet aujourd’hui de créer des espaces de sport et de plein air où les femmes peuvent développer leur plein potentiel. 

« C’est vraiment un milieu d’hommes qui m’a construit. Mais c’est un milieu de femmes qui me permet de m’accomplir et de me réaliser. » 

Luc Parlavecchio, directeur clinique, intervention et éducation au Centre d'amitié autochtone de Lanaudière

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