Leaders féminines: quelles sont leurs qualités, compétences et aptitudes?
Bien qu’encore sous-représentées, les femmes dans des postes de direction ou de prise de décisions sont de plus en plus nombreuses. La figure du leader autoritaire n’a plus sa place aujourd’hui. Quelles sont les compétences d’un ou d’une bonne leader? Les femmes leaders ont-elles des qualités différentes de celles des hommes?
Fondatrice de l’organisme Égale Action et formatrice en leadership sportif, Sylvie Béliveau a longuement réfléchi à ces questions. Elle a surtout expérimenté le leadership sur le terrain durant plus de 30 ans comme entraîneure de soccer à plusieurs niveaux, jusqu’à celui de l’équipe nationale. Elle l’a aussi observé en œuvrant au développement des entraîneures.
Leadership : l’influence des genres
« Que l’on soit femme ou homme, les styles varient selon les personnalités. Mais généralement, les femmes font preuve de plus d’empathie et misent souvent sur la collaboration dans leurs relations interpersonnelles, constate-t-elle. Cela favorise des environnements de travail inclusifs qui peuvent être mis à profit dans le milieu sportif. Je crois que la façon dont on crée des liens dès notre jeune âge a une influence sur la manière de se percevoir comme leader », observe Sylvie. En jouant ensemble, les filles ont naturellement tendance à appliquer la notion de coopération, notamment lorsqu’elles s’amusent avec des poupées ou lors des jeux de rôles. À l’opposé, les garçons jouent plus souvent dans un esprit de confrontation à l'aide de figurines ou de voitures. Ils se mesurent à partir de leurs exploits.
Au-delà des genres, la façon dont on est valorisé dès notre jeune âge influence aussi notre façon d’agir. Par exemple, les garçons sont souvent applaudis ou récompensés pour leur savoir-faire : une habileté ou une performance physique. Alors que les filles sont reconnues pour leur savoir-être : leur politesse, leur gentillesse. Elles se soucient davantage de leur appartenance au groupe.
Dans le domaine des sports et loisirs, les femmes font généralement preuve de plus d’humilité face à leurs performances. Bien souvent, elles se mettent moins à l’avant-plan pour éviter les mauvaises perceptions à leur égard. Lorie Ouellet est professeure-chercheure en intervention plein air à l’Université du Québec à Chicoutimi (UQAC). Elle s’intéresse à l’influence du genre sur la reconnaissance sociale dans les groupes d’expédition. Dans les situations pratiques, elle a remarqué que les stratégies des femmes sont les mêmes que celles des hommes en matière de leadership. « Ce qui diffère, c’est la perception des autres. Une femme trop autoritaire ou trop directive sera mal vue dans un groupe, alors que la même attitude pour un homme est perçue comme normale », précise la chercheure. Les femmes doivent trouver le bon équilibre dans leur approche pour que leurs interventions passent bien, alors que les hommes n’ont pas toujours à s’adapter à ces subtilités.
« Les femmes doivent trouver le bon équilibre dans leur approche pour que leurs interventions passent bien, alors que les hommes n’ont pas toujours à s’adapter à ces subtilités. »
Or, les bons leaders sont aussi ceux qui savent prendre des risques. C’est souvent moins naturel pour les femmes de se lancer dans le vide sans aller chercher des appuis. Cela implique de se faire confiance.
Parmi les publications qui documentent les compétences des bons leaders, la confiance est certainement la qualité qui revient le plus souvent. C’est aussi de confiance que les femmes disent avoir besoin à tous les stades de leur carrière (Katty Kay et Claire Shipman, The Confidence Code, 2014).
L’apport du sport et de l’activité physique dans le leadership
Sylvie Béliveau n’est pas la seule à affirmer que « le sport, le plein air et l’activité physique sont d’extraordinaires occasions pour les filles d’acquérir une bonne estime de soi, dès l’enfance ». De nombreuses études ont démontré que les bienfaits du sport et de l’activité physique allaient bien au-delà des terrains de jeu. Outre les bénéfices pour la santé, le sport implique des compétences sociales et émotionnelles, en plus d’expérimenter la résilience et de développer le sens du travail d’équipe. Les femmes qui ont pratiqué un sport dans leur jeunesse vivent des défis, des échecs et apprennent à mieux se connaître. Ce sont toutes des expériences qui mènent indéniablement à développer un bon leadership.
La mixité : une bonne recette pour le leadership
Même s’il y a énormément de progrès qui a été fait, « il y a encore du chemin à faire pour atteindre l’équité au sein des postes décisionnels dans le sport », remarque Sylvie.
Mais qu’ils soient hommes ou femmes, les leaders d’aujourd’hui se transforment et adoptent des façons de faire plus inclusives, des comportements ou des attitudes typiquement plus féminins, comme l’empathie et la bienveillance. Et la meilleure combinaison réside certainement dans la mixité, avec les qualités des uns et des attitudes des autres.
Comme le dirait Deborah Gillis, présidente de l’organisation à but non lucratif Catalyst, « il n’y a pas de différence entre les leaders femmes et hommes. Il y a simplement de bons leaders et de mauvais leaders, peu importe leur genre ».
Une mobilisation pour faciliter le leadership féminin (entre autres!)
La Lancée : c’est LA mobilisation pour encourager et faciliter le leadership féminin. Initié par le Gouvernement du Québec, ce mouvement de mobilisation veut créer un changement durable en matière de participation et de leadership féminin dans les secteurs du sport, du plein air et de l’activité physique.
Mise en œuvre par M361, en partenariat avec Fillactive et Égale Action, la mobilisation La Lancée veut outiller et inspirer les intervenants et intervenantes, dirigeants et dirigeantes, décideurs et décideures du Québec, qui agissent directement auprès des filles et des femmes. Les valeurs mises de l’avant par cette initiative sont l’équité, la collaboration, l’inclusion, la détermination et la valorisation des filles, des femmes, et des hommes impliqués dans cette mobilisation.