Janick Raymond: le plein air pour garder le cap, un pas à la fois!

Janick Raymond
Flash-Sport

Mars 2023. Janick Raymond, membre de l’équipe gagnante du trek Rose Trip au Sénégal, prononce son discours de victoire. Prenant son courage à deux mains, elle raconte son histoire. Difficile de ne pas avoir les yeux humides en l’entendant. Récit d’un parcours inspirant où le plein air a joué le rôle de levier dans la vie d’une maman pas ordinaire. 

Plein air et maternité

Janick Raymond bouge. Et ce, depuis longtemps. Détentrice d’une Attestation d’études collégiales en tourisme d’aventure, elle a poursuivi ensuite ses études en communication sociale et organisationnelle. Dans le cadre de son mémoire, elle s’est intéressée aux journées d’activités de team building. L’apprentissage par le mouvement et le travail d’équipe, c’est dans son ADN. Janick Raymond a aussi été impliquée dans différents défis de course et a même fondé un club de triathlon.  

L’hiver dernier, cette maman a pris du temps pour elle, sous la forme d’un enivrant voyage de plein air. Elle a décidé de participer au trek d'orientation féminin et solidaire à la marche Rose Trip. Pour elle, il ne s’agissait pas d’une première participation. En 2019, au Maroc, elle était arrivée en troisième place avec son équipe. À l’époque, elle est enceinte de sa troisième fille. Six mois plus tard, Janick Raymond accouche d’une jolie Laëtitia. Rapidement, elle apprend que sa cadette est atteinte du syndrome CHARGE et qu'elle évoluera avec de multiples malformations congénitales et déficits neurosensoriels. 

C’est à ce moment charnière de sa vie que Janick Raymond fait référence dans son discours de victoire. Alors que l’émotion était palpable sur scène et dans l’assistance, elle a dévoilé les défis incessants et le combat quotidien qu’elle et sa famille mènent auprès de la fillette. Elle a fait un touchant parallèle entre le trek et les obstacles du chemin parfois houleux de la maternité. Comme elle le dit si bien: on ne choisit pas le chemin. L’important, c’est de garder le cap, d'avancer un pas à la fois dans la bonne direction et de toujours voir le beau côté des choses. Comme dans cette course d'orientation, la vitesse n'est pas prise en compte, il faut suivre l'azimut et y aller étape par étape. Sa fille, aujourd’hui âgée de trois ans, défie tous les pronostics et avance à son rythme dans cette vie remplie d'amour et de bienveillance.

Un trek dans le désert pour mieux se connaître

Cette expérience a fait réaliser plus que jamais à cette super maman l'importance du positivisme, du dépassement de soi, de la résilience, de l'entraide et de la persévérance, coûte que coûte. Le fait de s’accorder du temps et de rester dans le mouvement lui donne assurément des ailes pour la suite. 

«Je me suis sentie chargée d’une mission tout au long du trek, raconte Janick, encore émotive. J’étais déterminée et aucun n’obstacle n’allait m’empêcher d’avancer. En équipe, on a tout donné. C’est comme si ce voyage avait brisé les murs et facilité l'acceptation de la différence. C’était très thérapeutique, ça m’a permis de retrouver de l’espace dans ma tête, de couper le cordon en quelque sorte. Armée d’une boussole, le désert, magnifique et impitoyable, m’a permis de faire la paix. Au fil du temps, j’ai compris que ce syndrome ne définirait pas qui ma fille deviendrait mais qu’il serait plutôt une simple partie d’elle.» 

Regarder vers l’avant 

Un poids de moins sur les épaules et le cœur et l'âme remplis d'énergie, Janick Raymond, aujourd’hui, est de retour dans les Laurentides, auprès des siens. Toute la famille poursuit sur cette mission d'inclusion et célèbre les petites victoires au quotidien. Déjà, Janick rêve à un prochain défi qui, cette fois, pourrait bien être au profit des maladies orphelines. Elle souhaite également d’ici quelques années partir à la conquête du monde en famille pour plusieurs mois. D’ici là, elle raconte son expérience dans les classes de l’école primaire de ses deux plus vieilles.  

Défier les limites

Pour Janick Raymond, les parallèles entre les défis de sa fille et ceux qu’elle a rencontrés dans son aventure dans le désert sont nombreux. «Depuis trois ans, je suis comme en voyage en terre étrangère, lorsque l’on remarque et souligne toutes les différences d’une nouvelle culture que l’on ne connaît pas. Puis, on s’intègre et on passe outre les différences. Les personnes handicapées ont toutes leurs parcours atypiques. Quand je regarde en arrière, je ne peux qu’éprouver un immense sentiment de fierté en pensant au parcours de guerrière de ma fille. Je la vois défier ses propres limites physiologiques quotidiennement sur différents aspects.» 

Grâce à un important réseau de soutien, Janick et sa famille apprennent chaque jour sur ce syndrome et aident d’autres familles à traverser les défis. Demande de subventions, suivis multiples auprès d’une quinzaine de spécialistes et d’intervenants, gestion du calendrier de rendez-vous médicaux et des chirurgies… la vie n’est pas un long fleuve tranquille. À travers ce tourbillon, un équilibre se crée. 

L’ouverture d’un nouveau CPE avec une place protocole, réservée aux enfants à besoins particuliers, permettra sous peu à Janick de replonger dans des projets professionnels qui la font vibrer tout en poursuivant son rôle de maman. Elle reprendra également plus assidument le sport qui fait partie de son quotidien depuis la tendre enfance: triathlon, hockey, vélo de montagne… 

Janick Raymond
Janick et son amoureux Guillaume forment une incroyable équipe auprès de leurs trois filles Ophélie, Danahée et Laëtitia.

«Je suis vraiment heureuse d’avoir vécu cette expérience avec ma fille. Le sport et les défis ont toujours fait partie de notre vie. Même si elle a un horaire bien rempli avec ses trois cocottes, elle trouve toujours un petit moment pour aller se ventiler, se ressourcer, refaire le plein d'énergie, que ce soit au jogging, en vélo, en randonnée de montagne, en patins à roulette, en jouant au hockey... L'activité physique est importante pour elle et pour toute notre famille.»

Linda Pépin, mère de Janick 

Janick Raymond
Janick est une adepte de hockey depuis l’enfance, une passion qu’elle partage avec ses frères, sa sœur et ses parents!

«Le trek Rose Trip est avant tout un défi psychologique. Il faut fournir un effort de longue durée dans des conditions difficiles. Faire équipe avec Janick a été un pur bonheur, elle a été la locomotive de notre train! Jamais elle ne se laissait abattre par la fatigue. Même qu'à la dernière journée, nous étions les dernières dans le désert, parties depuis 7 h le matin, il était 21 h 30, il faisait noir, on était brûlées, il nous restait encore quelques kilomètres à faire, puis on tombe face à face avec un énorme buisson (avec évidemment des branches et des épines dedans!) Linda et moi avions la motivation au plancher, on souhaitait retourner au campement le plus rapidement. Alors on a dit à Janick de contourner le bosquet. Janick, déjà à quatre pattes sous les branches nous a donné une belle leçon de détermination : Si on veut gagner les filles, il faut mettre tous les efforts. C’est peut-être ce bosquet qui va nous faire gagner, je n’abandonnerai JAMAIS! Janick c'est ça : elle est toujours positive et elle n’abandonne jamais!»  

Pascale Labelle, amie de Janick 

Janick Raymond
Janick et deux amis ont fondé Zeus en 2013, un club de triathlon sans prétention qui s’adresse aux débutants comme aux initiés.

«Janick s'est montré une participante hors-pair par son attitude, par sa bienveillance envers son équipe et par sa persévérance. Peu importe le degré de difficulté rencontré, elle était toujours souriante et positive. J'ai rarement vu quelqu'un avoir une telle énergie et, sans même que ce soit intentionnel, la partager. Il a été extraordinaire pour tous de la voir monter sur la plus haute marche du podium. Elle aura marqué nos mémoires.» 

Alain Labonté, responsable des communications du volet québécois de l’aventure pour Rose Trip. 

Janick Raymond
Les Azimutines avaient terminé 3e lors du Trek Rose Trip au Maroc en 2019.

«Selon moi, toutes les femmes devraient vivre cette expérience au moins une fois dans leur vie. C’est un moment pendant lequel elles sont complètement elles-mêmes pour s’accomplir et se retrouver. Elles reviennent dans leur quotidien avec plus d’énergie et sont plus disponibles pour leur famille. Pour Janick, cette expérience était une façon de mettre son cerveau à off et d’être 100 % dans le défi. C’est sûrement pour cette raison qu’elle a tout donné avec son équipe. Sa force tranquille et sa résilience ont impressionné tout le monde.» 

Valérie Julien, conseillère au Québec pour Désertours depuis 2015 (organisateurs des treks Rose Trip, Rose des sables et Rose des Andes) 

Le syndrome CHARGE  

C’est une maladie génétique rare qui associe des malformations et des déficits neurosensoriels (vue, ouïe, odorat, équilibre), qui touche environ un nouveau-né sur 10 000.  

En savoir plus sur le trek Rose Trip 

Exclusivement réservés aux femmes, les treks Rose Trip réunissent des équipes de trois participantes. À l’aide d’une boussole, d’une carte et d’un rapporteur topographique, les membre de l’équipe se partagent les tâches pour parvenir à trouver les balises dispersées au cœur des grands espaces. Au classement, aucune notion de vitesse n’est prise en compte. Les gagnantes sont celles qui parcourent le moins de kilomètres en validant tous les passages obligatoires. Néophytes ou expertes de la randonnée nomade, toutes les femmes ont une place dans l'aventure. Entraide et solidarité sont au cœur du défi. Durant trois jours d’étapes entièrement dédiées au lâcher prise et au total dépaysement, les équipes vivent une réelle expérience initiatique. 

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