Le plein air est loin d’être l’apanage des hommes. Portrait de quatre femmes qui ont fait de ce domaine leur métier, et contribuent à changer les stéréotypes et éveiller les mentalités.  

Caroline Côté, cinéaste d’aventure et ultra-marathonienne 

Dans la mi-vingtaine, Caroline Côté découvre la course de longue distance. Elle participe à des compétitions de 65 à 125 km. À part ce sport, rien ne la destine à l’extrême dans sa vie de jeune montréalaise. 

Formée en publicité à l’Université de Montréal, elle fait des études dans le domaine du cinéma et de la communication. En 2012, appelée par l’aventure, elle décide de se lancer dans une expédition de 30 jours en Antarctique en autonomie complète. L’objectif est de rapporter des images pour les présenter sous forme de documentaires. 

Filmer dans des milieux naturels éloignés avec des particularités environnementales complexes devient sa spécialité. Elle entreprend la descente du fleuve Yukon en canot durant plus de deux mois (2016), parcourt le parc national Kuururjuaq à la rencontre des Inuits du nord du Québec et suit le chemin de l’électricité de Natashquan à Montréal (2018); une aventure en solitaire de 2000 km. 

Grâce à une formation au Banff Center en Alberta, elle perfectionne sa technique de prise de vue et parvient à partager ses images de façon saisissante. Ce qui motive son art, c’est de raconter des histoires inspirantes et transmettre son amour du plein air par les scènes époustouflantes que la nature lui offre. 

Jade Durocher, cheffe guide de rivière 

Originaire des Laurentides, son amour du plein air lui vient des camps de vacances auxquels elle a pris part durant son enfance. Jade travaille plusieurs années comme guide de rivière chez Rafting Nouveau Monde. Maintenant, elle est devenue une « vieille pagaie » dans l’organisation. Son rôle de gérante de rivière consiste à engager et former des nouveaux guides et mettre en place les protocoles de premiers soins pour que les activités se déroulent de façon sécuritaire. Comme le rafting est un emploi saisonnier, elle profite de l’hiver pour faire du cyclotourisme à l’étranger.  

Diplômée du baccalauréat en intervention plein air à l’Université du Québec à Chicoutimi, elle accompagne maintenant les étudiants dans leurs expéditions de fin d’année en canot. Sa longue expérience en rivière et son intérêt pour la pédagogie du plein air lui donnent les atouts pour enseigner l’importance de développer un bon leadership et elle privilégie les périodes d’introspection durant les expéditions.  

Elle avoue être impressionnée par le professionnalisme des jeunes femmes qui aspirent à devenir guides de rafting et leur envie de se dépasser. « Comme c’est un métier très physique, les filles doivent parfois mettre plus d’efforts pour maîtriser les techniques, comprendre la rivière et devenir plus efficaces », observe-t-elle. Bien que certains stéréotypes soient encore présents face aux femmes guides, elle est heureuse de constater que les mentalités changent et que les femmes deviennent de plus en plus confiantes.   

« Comme c’est un métier très physique, les filles doivent parfois mettre plus d’efforts pour maîtriser les techniques, comprendre la rivière et devenir plus efficaces. » 

Jade Durocher, cheffe guide de rivière 

Marie-Christine Daigneault, une fille de bois qui roule… 

Marie-Christine adore tous les sports de montagne : la randonnée, le ski hors-piste, mais surtout le vélo. Elle se désolait de n’entendre parler dans les médias que des performances d’hommes sur les pistes de vélo de montagne. Professionnelle de la communication, elle a créé Filles de bois pour valoriser l’image des femmes dans cet univers qui gagne de plus en plus d’adeptes.  

Les éditions Filles de bois, c’est un média spécialisé qui informe, outille et inspire les femmes dans la pratique du vélo de montagne. La plateforme est alimentée par plus de 25 bénévoles et soutient les activités sur le terrain et les groupes de femmes qui roulent. 

Marie-Christine a réalisé que cette mine d’information et de soutien pouvait s’adresser à tous les mordus de la communauté cycliste. Si bien qu’elle a eu l’audace de produire Racines, un magazine imprimé sur la culture du vélo de montagne. Encore une fois, elle a vu juste, puisque la revue comble un réel besoin dans le milieu pour des outils pratico-pratiques et la mise en valeur de ce sport.  

Le plein air était pour elle un loisir, elle a réussi à concilier ses deux passions, la communication et le sport de montagne, pour en faire un métier.  

Marie-Andrée Fortin, La vie est une aventure 

Jouer dehors, c’est à la fois le métier et le mode de vie de Marie-Andrée. Formée comme guide en tourisme d’aventure au cégep de Saint-Laurent, elle a parcouru l’Europe et l’Afrique à pied et à vélo durant près de 15 ans. En 2013, avec trois comparses, elle a relevé un défi de 2200 kilomètres en ski de fond entre Montréal et Kuujjuaq. Son attirance pour le Grand Nord l’a ensuite amenée à vivre au Nunavik durant trois ans avec son conjoint. Elle a coordonné un club de ski de fond et particité activement au Projet Jeunes Karibus, qui organise des expéditions hivernales avec les jeunes Inuits.    

Comme guide d’aventure autour du globe, elle a dû faire face à certaines cultures où le rôle des femmes est différent. Mais elle n’a jamais eu de mal à conserver son leadership. Son expérience et son assurance lui ont appris que les fausses impressions tombent rapidement lorsqu’elle mettait en valeur toute sa compétence.     

Depuis les deux dernières années, elle a adopté la région des Laurentides et elle a mis sa petite famille en avant-plan dans ses activités de plein air. Avec son bagage de guide et sa formation en éducation préscolaire et primaire, elle songe à mettre sur pied une entreprise pour offrir des aventures en nature aux familles et à une clientèle variée.