Femmes et plein air : la vision de la Sépaq

Comment la Société des Établissements de plein air du Québec (Sépaq) se positionne-t-elle face à la participation de la clientèle féminine sur leurs territoires? L’équipe de La Lancée a discuté avec Sophie Fournier, adjointe au directeur général des établissements touristiques à la Sépaq, afin d’en savoir davantage sur la participation et le leadership des femmes et des filles dans le domaine du plein air au Québec.
Comment évaluez-vous la présence de la clientèle féminine dans les établissements gérés par la Sépaq, notamment dans les parcs nationaux?
Sophie Fournier : Le ratio entre hommes et femmes est plutôt équilibré au sein de notre clientèle plein air. Nous n’organisons pas d’activités spécifiques pour les femmes, mais nous nous assurons par exemple que les membres de clubs féminins aient un accès privilégié aux territoires de la Sépaq, dont les parcs nationaux, lorsque cela est nécessaire. L’idée est de montrer aux femmes que les territoires sont accessibles. En véhiculant une image d’accessibilité, nous leur démontrons qu’elles peuvent se lancer dans des activités, même hors des grands classiques, comme la randonnée, la raquette et le ski de fond, vers des activités plus orientées vers l’aventure. Le plein air est pour toutes les femmes, même pour celles qui n’ont pas l’air d’avoir grimpé l’Everest!
Aussi, nous savons que ce sont souvent les femmes qui organisent les sorties familiales. Nous avons à cœur de faciliter l‘expérience des familles en plein air avec, notamment, le prêt de matériel nécessaire aux enfants, comme des chaises hautes et des parcs pour bébé, et des remorques pour le transport de l’équipement.
Nombreuses sont les jeunes filles qui abandonnent l’activité physique à l’adolescence. Avez-vous des stratégies qui les ciblent plus précisément pour assurer leur rétention?
Sophie Fournier : Nous travaillons étroitement avec le milieu scolaire pour favoriser la fréquentation des jeunes dans nos parcs. Notamment avec le programme À l’école on bouge!, du ministère de l’Éducation, qui cible les jeunes du niveau primaire, mais pas particulièrement les jeunes filles. Pour les écoles inscrites au programme, les sorties et certaines activités, comme la descente en rafting dans le parc national de la Jacques-Cartier, sont gratuites autant pour les enfants que pour les enseignants. Nous offrons aussi des sections particulières pour le camping de groupe, par exemple, à l’attention des clubs de plein air dans le cadre des activités parascolaires au secondaire. Et, bien sûr, l’accès aux parcs nationaux est toujours gratuit pour les 17 ans et moins. Nous sommes très ouverts à établir des partenariats qui contribuent à donner plus de place aux jeunes filles en plein air, car nous sommes conscients des enjeux concernant la pratique générale d’activité physique chez cette clientèle.
Avez-vous observé un changement de clientèle durant la pandémie et comment y faites-vous face pour bonifier l’expérience, notamment des femmes?
Sophie Fournier : Bien sûr, nous avons observé une arrivée massive de gens qui n’avaient pas l’habitude de fréquenter les territoires naturels. Il nous a donc fallu penser à l’apprentissage des bases, établir une sorte de guide « plein air pour les nuls » : comment faire un feu en camping, s’équiper adéquatement, s’initier aux règles élémentaires de sécurité. On a vu durant cette période que les accidents en plein air se sont multipliés partout au pays, car beaucoup de gens se sont parfois improvisés experts.
Tout ça nous a incités à réfléchir à l’aspect sécuritaire, qui est fondamental. Nous tenons à ce que les gens vivent une expérience de qualité, qu’ils ont envie de répéter. Pour le futur, nous réfléchissons sur les moyens de faire perdurer la pratique du plein air auprès de cette belle nouvelle clientèle, même si nous nous attendons à une stabilité de la fréquentation.
Au niveau des gestionnaires des parcs nationaux et réserves fauniques, qu’en est-il de la présence de femmes aux postes de direction?
Sophie Fournier : Ces dernières années, j’ai observé un changement à cet égard. Aujourd’hui, nous avons la parité au niveau des vice-présidentes et des vice-présidents de la Sépaq et plusieurs femmes sont en poste à la tête des établissements. Durant la sélection, les hommes ne sont pas avantagés et les femmes répondent à l’appel en nombre.
« L’idée est de montrer aux femmes que les territoires sont accessibles. En véhiculant une image d’accessibilité, nous leur démontrons qu’elles peuvent se lancer dans des activités, même hors des grands classiques, comme la randonnée, la raquette et le ski de fond, vers des activités plus orientées vers l’aventure. Le plein air est pour toutes les femmes, même pour celles qui n’ont pas l’air d’avoir grimpé l’Everest! »
- Sophie Fournier, adjointe au directeur général des établissements touristiques à la Sépaq
La Sépaq fait la promotion du programme Fauniquement Femme Plus mis sur pied par la Fédération québécoise des chasseurs et pêcheurs, pour soutenir la pratique féminine dans ce secteur jugé traditionnellement « réservé » aux hommes. « Nous désirons que les femmes soient représentées dans notre mise en marché chasse et pêche, afin qu’elles se sentent interpellées, dit Sophie Fournier. La raison pour laquelle nous diffusons beaucoup de contenu sur notre site web et sur nos réseaux sociaux pour faire rayonner celles qui pratiquent ces activités. » Ces ateliers sont animés par des guides femmes bénévoles pour leur apprendre à manier une arme à feu ou un arc, et à faire fonctionner un moteur hors-bord. La pêche à la ligne et à la mouche fait aussi partie du programme d’initiation.