Sport, plein air et activité physique: quel est l’avancement des filles et des femmes dans ces secteurs?

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Crédit photo: Voltaic

Lors du récent lancement de La Lancée, un panel composé de femmes impliquées dans l’avancement féminin dans les secteurs du sport, du plein air et de l’activité physique s’est questionné sur la représentation des femmes et des filles dans ces trois secteurs. Voici le résumé de cet échange entre l’animatrice Elizabeth Rancourt et les panélistes Julie Gosselin, Sylvie Bernier et Renée-Claude Bastien.

L’objectif de la discussion?

  • Faire état de certaines statistiques percutantes sur la représentation des femmes dans les 3 secteurs; 
  • Comprendre l’écart entre la situation actuelle et la situation souhaitée;
  • Identifier les gestes concrets que peuvent poser les intervenant·es, dirigeant·es et décideur·es pour contribuer à l’atteinte de la situation souhaitée.

Quelles sont les principales barrières qui persistent à ce jour et freinent l’avancement des filles et des femmes dans les 3 secteurs? Comment contrer ces freins?

« Le défi pour les fédérations sportives et les milieux sportifs, c’est de faire connaître nos sports davantage. De montrer qu’il y a de moins en moins de barrières pour les filles, qui peuvent désormais choisir les sports qu’elles veulent (…). Il faut travailler ensemble pour accrocher les filles », souligne Julie Gosselin. 

« Les freins que l’on connaît aujourd’hui, c’est la compétition, le regard de l’autre, le jugement, les résultats, le chronomètre… Les filles veulent être en gang, veulent s’amuser, et ne veulent pas nécessairement qu’on les juge sur le résultat », lance Sylvie Bernier.

« Des fois, avoir des groupes mixtes où il y a des garçons impliqués dans le processus d’apprentissage représente un frein pour certaines filles. On se sent plus vulnérable, on se sent moins confiante d’essayer des choses par peur de jugement des autres », ajoute Renée-Claude Bastien. Par ailleurs, elle croit que dans le plein air, le frein c’est soi-même. « Les filles peuvent être leur meilleure et leur pire amie en même temps. On ne se donne pas la chance, on ne saisit pas l’opportunité, on a l’impression de ne pas avoir assez de confiance. On sent qu’on a moins le droit à l’erreur, et on est portées à vouloir sur-performer. (…) Il faut relâcher cette pression-là. »

Comment pourrions-nous poursuivre les efforts au sein de nos organisations sportives pour faciliter l’accès des femmes à des postes de leadership, tout particulièrement dans le secteur sportif qui demeure le dernier bastion de l’hégémonie masculine?

« Il faut aller chercher les femmes : elles sont là. Souvent, ça prend une petite tape sur l’épaule. J’ai eu la chance d’avoir deux hommes qui sont venus me recruter pour des conseils d’administration. Je n’aurais jamais donné mon nom. Souvent, j’avais le syndrome de l'imposteur, et je me demandais si j’avais les compétences pour le faire. Je trouve que c’est un trait très féminin. Donc bravo à ces hommes-là qui pensent aux filles. Regardez autour de vous: qui ne lève pas la main, mais serait excellente? Allez la chercher directement! », invite Julie Gosselin.

Jule Gosselin Lancement La Lancée
Voltaic Photo

Comment réussissez-vous, concrètement, à encourager les femmes à occuper leur place dans le secteur du plein air et à gagner en influence, en leadership, en confiance, tous métiers confondus?

« De voir davantage de femmes en position de leadership, oui. Mais aussi, se demander comment fait-on pour créer des leaders féminins à un plus jeune âge, afin qu’elles soient outillées pour prendre des décisions lorsqu’elles arriveront dans des positions où elles devront le faire (…). Commençons donc plus jeune à former de jeunes leaders féminins à l’intérieur des sports, des activités physiques et du plein air, afin qu’elles soient préparées et outillées pour la prochaine étape », suggère Renée-Claude Bastien.

Renee-Claude Bastien au lancelement de La Lancée
Voltaic Photo

« Pour en arriver là, il faut aussi retourner en petite enfance, ajoute Sylvie Bernier, qui croit que ça part du papa et de la maman avec leur petite fille. Plus nos jeunes filles vont développer leur motricité globale, plus elles vont se sentir habiles, et plus elles vont se sentir bien en plein air ou en sports d’équipe. »

Dans un monde idéal, où en serait-on dans dix ans? Quels seraient les progrès accomplis sur le terrain?

« J’aimerais qu’on crée une boucle (…) qu’on crée des sportives pour la vie. Que les filles aient un coffre à outils beaucoup plus large, et restent dans notre milieu », espère Julie Gosselin.

Sylvie Bernier rêve de parité dans la pratique et le leadership. « Que tout le monde puisse avoir les mêmes opportunités, les mêmes désirs, les mêmes passions, que les portes soient ouvertes à tous (...) Qu’on puisse réussir à concilier le travail et la famille, afin que les femmes puissent aussi être en position décisionnelle et avoir un bel équilibre de vie. »

Sylvie Bernier au Lancement La Lancee
Voltaic photo

Les femmes sont souvent les premières à juger les autres femmes. Comment pouvons-nous collectivement défaire ce phénomène?

« L’important c’est de se parler. Parfois, on est dans des milieux différents. Il faut qu’on se parle, qu’on ait des tribunes où l’on peut échanger, apprendre de l’autre, et briser ces mauvaises perceptions qu’on a. Les plus beaux projets viennent lorsqu’on prend le temps de se rassembler », croit Julie Gosselin.

Visionnez la discussion complète

Image provenant de Youtube

Pour aller plus loin dans votre réflexion sur la participation et le leadership des filles et des femmes dans les secteurs du sport, du plein air et de l’activité physique, nous vous invitons à télécharger gratuitement notre dossier spécial sur la question.

À propos des panélistes

Elizabeth Rancourt | Animatrice du panel

Elizabeth Rancourt anime depuis janvier 2021 les matchs de la Ligue nationale de hockey (LNH) à TVA Sports, avec ses collègues Louis Jean et Michel Godbout. Rare femme à obtenir ce titre, la communicatrice travaille à défaire les préjugés, un à un. Car il y en a encore. Depuis octobre 2021, elle écrit une page d’histoire dans sa vie professionnelle en relevant le défi d’animer avec Dave Morissette le nouveau rendez-vous de fin de soirée 100 % hockey : « L’après-match LNH » de TVA Sports. Auparavant, Elizabeth occupait un poste à LCN et à Salut Bonjour.

Julie Gosselin | Première femme présidente du conseil d’administration de Sports Québec

Même dans un sport dominé par les garçons, Julie Gosselin a eu la chance de côtoyer plusieurs modèles féminins. Joueuse, arbitre, puis entraîneure de soccer, sa famille a toujours encouragé sa pratique sportive et elle a été inspirée par de rares femmes entraîneures. Julie a travaillé durant quatre ans aux relations publiques à RDS, majoritairement en lien avec le sport amateur. Elle n’a jamais hésité à s’impliquer, notamment auprès des fédérations de baseball et de soccer du Québec, puis de la Fondation des Jeux du Québec. Si elle a accepté la présidence du conseil d’administration de Sports Québec, c’est qu’elle croit que les structures sportives de la province ont un immense besoin de diversité. Elle souhaite que plus de femmes occupent des postes décisionnels au sein des organisations sportives.

Renée-Claude Bastien | Guide d’aventure et globe-trotteure

Référence en matière de plein air au Québec, Renée-Claude Bastien est guide d’aventure depuis près de 20 ans. Elle a encadré de nombreux groupes surplusieurs continents, ce qui lui a permis de développer une expertise unique comme guide spécialisée en trek et en expédition. Native de l’Outaouais, elle est enseignante et coordonnatrice de l’Attestation d’études collégiales (AEC) pour devenir guide en tourisme d’aventure du cégep de Saint-Laurent. Parmi les nombreuses certifications qu’elle détient, on note, entre autres, instructrice de premiers soins en régions isolées pour Sirius MedX, monitrice chez Canot Kayak Québec et formatrice chez Rando Québec. Reconnue à titre de professionnelle par le Conseil québécois des ressources humaines en tourisme, elle figure aussi dans les rangs de l’Association canadienne des guides de montagne ainsi que comme instructrice du programme de Guide de longue randonnée. Elle a obtenu en 2005 le prix convoité de Guide de l’année remis par Aventure Écotourisme Québec, un métier dont elle continue de défendre la professionnalisation. Le plein air est son milieu de vie. Et donc, lorsqu’elle porte le chapeau de monitrice à Sans trace Canada, elle se fait toujours un devoir d’expliquer l’importance de préserver l’intégrité de la nature.

Sylvie Bernier | Militante pour une vie saine et active

Première Québécoise de l’histoire à remporter une médaille d’or olympique, Sylvie Bernier a inspiré de nombreux jeunes plongeurs et plongeuses à se lancer dans ce sport, alors peu pratiqué au Québec, tout comme dans le reste du pays. En 1984, aux Jeux de Los Angeles, elle deviendra d’ailleurs la première Canadienne championne olympique en plongeon. Elle a mis un terme à sa carrière sportive à 20 ans, mais elle n’a jamais cessé de s’impliquer auprès des jeunes. Comme chroniqueuse sportive, chef de mission olympique, conférencière et porte-parole, elle met de l’avant son message, celui d’adopter un mode de vie sain: le passeport pour un avenir en santé. Détentrice d’un baccalauréat en administration des affaires et d’une maîtrise en gestion dans le milieu de la santé, elle s’est donné pour mission de sensibiliser les décideurs à  ’importance d’agir pour favoriser un mode de vie actif ainsi qu’une alimentation nutritive chez les jeunes. Elle est présidente de la Table sur le mode de vie physiquement actif et de la Table québécoise sur la  saine alimentation.

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